• PIERRE RIVE extraits livre Parcs

     

     Illustration de l'auteur.

     

    Ce livre alterne poésie et narrations.

     

     

    Il faisait chaud sur le parking. J’ai toujours aimé la chaleur. Habiter au Brésil parmi les femmes qui se trémoussent ou dans un petit village de pêcheurs entre les murs blancs de la Grèce, cela me serait très agréable. Certes, l’image du Brésil est un leurre : la profusion de la misère, la pollution de la baie de Rio… Certes, les statues qui ont bercé de légendes ont tendance à s’enliser dans les marécages de nos soirées coutumières. Cependant, retrouver le geste essentiel, raccommoder les filets, manger à sa juste faim, boire le sang du crépuscule, me serait vraiment très agréable.

     

    Mais, j’étais garé devant ce parc dans une ville pieuvre dont les ventouses happaient avec avidité les campagnes environnantes. Pourtant, des branches lourdes traversaient les grilles impunément avec des dégradés de vert. Dans la chevelure des arbres murmurait déjà un  monde nouveau. On aurait dit que la nature voulait retrouver ses droits sur le bitume. Le parking était désert ou presque, un chien urinait devant une cabine téléphonique en péril. C’était l’heure de midi, et je m’apprêtai à faire fondre la graisse de la quarantaine.

     

    J’avais mis mes chaussures de sport, et j’étais en train de verrouiller ma vieille carrosserie, lorsqu’une voiture est venue se ranger juste à coté de la mienne. Effectivement, sur un parking désert, venir s’aligner à cet endroit me parut bien étrange. Enfin ! Il y a plus étrange ! J’ai donc jeté un coup d’œil sur le conducteur, je ne voyais pas grand chose avec les reflets que faisait le soleil. Je me suis accroupi pour serrer mes lacets.  La vitre s’est baissée, laissant apparaître un visage féminin.

     

    La femme souriait. Dingue ! Une femme qui se mettait à sourire ! Il est possible que ce soit un phénomène  de société, je trouve que les femmes sont de moins en moins souriantes : le stress, le travail, la compétition, les embouteillages, le sida, l’équilibre amoureux, la mignonne abandonnée avec son rejeton, la donzelle qui cherche le prince charmant à chaque coin de rue, le boutonneux qui pique sa crise… La libération des mœurs n’a pas arboré que de bonnes choses. Non seulement elle souriait, il faisait beau. Je n’ai jamais eu la moindre aversion envers les gens de couleur : elle était noire, et son faciès était racé.

     

    Il y avait quelque chose de risible. Je me trouvais avec mon short et mes jambes pleines de poils en face d’une black qui laissait glisser sur son nez des lunettes avec montures dorées. Le rouge vif qu’elle portait aux lèvres ne contrastait pas vraiment. Cependant, dans le blanc de ses yeux, on pouvait s’y perdre, assurément.

     

    Le besoin de séduire qui m’avait tenu la main pendant des années avec fougue ne faisait plus partie de mes rituels. Cependant, faire un brin de causette n’était pas interdit. Je me suis accoudé à sa portière, comme on s’accoude sur le muret du voisin pour lui parler des légumes ou des fleurs de son jardin. Il y avait un livre sur le tableau de bord. Je lui ai demandé si elle aimait la littérature. Elle m’a montré la couverture de l’ouvrage : c’était une collection à l’eau de rose. Tous les goûts sont dans la nature, pour ma part, l’eau de vie et l’eau de rose… L’écriture n’est pas uniquement ce nid où les chenilles sortent à la file indienne comme des majorettes sous un ciel merveilleux.

     

    Je décidai de changer  de conversation… tout en parlant, je remarquai une jolie paire de seins dont le grain  ressemblait à   celui d’une peau d’orange. Les fruits semblaient vouloir éclater l'enveloppe. La vie d’un homme n’est pas toujours facile à gérer à ces moments-là. D’autant plus que ses jambes laissaient deviner des festins. Je lui aurais bien fait un petit sur la banquette arrière, afin que notre progéniture éphémère aille crier le feu dans les feuillages de ce parc. Nous étions sous le soleil, j’avais le vent du désir, au cœur d’une ville où subsistait un refuge. Peut-être était-elle venue de sa hutte en terre pour  voir l’homme blanc avec du poil aux pattes ?

     

    Tout à coup, elle m’a proposé une partie de joyeuses à l’hôtel. Tiens ! Une prostituée ! Marrant ! J’avais pensé à une secrétaire, une vendeuse, une avocate, un flic, un cadre dynamique, une féministe, une pédagogue de la poésie… La prostituée, ce genre de métier m’était complètement sorti de la tête. C’était donc un sourire commercial. Je ne lui ai pas demandé si elle faisait cela librement ou si son lascar venait relever les compteurs à chaque fin de semaine. En tout cas, c’était une très belle femme, et l’idée qu’elle était venue à ma rencontre acculée par la nécessité me faisait froid dans le dos. L’union de l’Europe est un vrai tas de pus, je ne parlerai pas du restant…

     

     

    J’ai connu une fille qui faisait le même travail quand j’étais dans le sud du Maroc – il y a des années. On habitait sur le même palier, ce fut un pur hasard. Elle s’appelait Fatima, on fumait souvent ensemble le narguilé et on buvait le thé à la menthe. De temps en temps, elle m’invitait à ses réceptions mondaines : dans la  salle qui lui servait de chambre à coucher, elle préparait le couscous. Puis, arrivait un client potentiel ; elle s’installait sur ses coussins et commençait son cinéma avec des gestes de divinité du sable. Quand les choses devenaient concluantes, je me dérobais avec le sourire. Les soirs où elle avait le cafard, elle venait frapper à ma porte. Nous étions devenus amis.

     

    Ce n’était pas une femme d’une beauté extraordinaire, mais de son visage émanait un charme certain. Elle était grassouillette, un peu moins que les baigneuses de Renoir – tout de même. Mais, sa chair était rassurante. Dans la cour intérieure qui était commune à nos deux paliers, les mosaïques tapissaient les murs. Au milieu de la cour, il y avait le néant. Et, au milieu du néant, il y avait Fatima qui accomplissait la danse du ventre pour mon plaisir. De voir se tortiller ce corps me rendait fou, j’aurais bien fait mon habitat dans son nombril pour l’éternité. A ce moment, nous redevenions des enfants, moi qui fuyais les rouages de l’occident. Elle, la prostituée qui s’offrait en pâture aux conquérants.

     

    Un matin, je suis parti sur la pointe des pieds. Je n’ai pas eu le courage de lui dire… depuis, j’ai  souvent regretté.

     

    J’ai enlevé mon coude du comptoir de la black.

     

    J’ai couru longtemps.  

                                  

     

     Parking 

     

     

    Des belles-de-nuit ! Certainement une bonne valise de souvenirs. Des belles et des moins belles. Des jeunes et des moins jeunes. Des brunes, des blondes, des rousses… Des rondes ou effilées. Je n’en tire aucune gloriole. Néanmoins, cela a fait partie de ma vie pendant des années, et c’est un fait. Ce que l’on appelle le donjuanisme n’est pas toujours empreint à la négation. Car un adolescent pusillanime peut y trouver un véritable épanouissement. À condition, bien sûr, de se conduire avec tact. Je me souviens de cette nuit où Daniel m’a déposé avec sa 2cv dans un petit village. Il m’a souvent dépanné lorsque j’avais rencard avec une gracieuse. Daniel était un blondinet lymphatique qui avait toujours aux lèvres un mégot qu’il mâchait comme un bambin, une tétine. Je l’ai vu rarement s’énerver. Sauf le jour où l’on s’est réveillés, la langue pâteuse, dans un fossé avec la fameuse 2cv. Le blondinet est entré dans une colère ! Il est sorti de la charrette en postillonnant, brassant les nuages et invectivant le ciel… Et puis, toujours sous le joug du courroux, il a ouvert le coffre de son bolide et a sifflé cul sec la moitié d’une bouteille de whisky qui restait à traînailler… Ce geste m’a toujours étonné. Avec le recul, je pense que c’était digne d’un grand de ce monde – n’est-il pas ? !  Sacré Daniel ! À cette époque, il n’y avait pas de contrôle technique, et sa voiture était un vrai tas de boue. On pouvait y voir à travers le plancher ; il y avait plein de cadavres de flacons qui roulaient à chaque virage. J’entends encore cette douce musique… Pareillement, le téléphone portable n’existait pas. Et, c’était une angoisse permanente pour converser, d’autant plus qu’il y avait quatre parois vitrées, il suffisait de trouver la bonne… ! Dans le petit village, j’ai marché tranquillement comme un oiseau lunaire qui cernait sa proie. J’ai fait le tour de l’agglomération parmi les maisons aux paupières mortes. J’ai toujours aimé la nuit et ce silence intense qui vous pénètre les veines. Avec dans les ruelles de la tête tous les rêves à venir. Je lui avais dit deux heures du matin. Je l’avais rencontrée la semaine précédente à une soirée. Dans les soirées, c’est toujours d’actualité, on parle de tout et l'on parle de rien. Mais, la seule chose que j’avais remarquée, c’était la beauté de son visage. Je lui avais dit deux heures du matin, car elle habitait une maison en pierre au fond d’un jardin. Sa chambre se trouvait au premier étage, et ses parents dormaient au rez-de-chaussée. Les géniteurs gardaient précieusement la jeune femme entre quatre murs avec une vanité excessive. J’avais entrepris d’escalader par la gouttière, cela afin de pouvoir accéder à l’oreiller percé de la mignonne. Je ne savais pas pourquoi, mais à chaque fois que j’entreprenais ce genre d’ascension, j’avais des ailes qui me poussaient dans le dos. Était-ce mes trois ans de gymnastique au club de… ?  La chevrière en question était une fine fleur de la faune française. Une jolie brune, la chevelure ondulée, un fessier à vous faire perdre votre nom, un grain de beauté au-dessus de la lèvre supérieure et un autre sur le sein gauche.

                    Une histoire à vous rendre gâteux !!

     

    J’étais presque rendu au bout de mon escalade, lorsque la gouttière s’est soudainement descellée de la pierre. J’ai atterri avec force sur la serre à laitue de ces braves jardiniers. Il est bien évident que cette mésaventure a réveillé tous les chiens du quartier, et les volets du plain-pied ont crié :

     

               Au voleur ! Au voleur ! Au voleur !

              

    Le temps de me planquer derrière la haie d’une maison avoisinante.

     

     

                J’ai vu les gyrophares clignoter. 

     

                

                Un scintillement absurde.

     

               

                Un voleur d’amour sans butin.

     

     

     Belles-de-nuit

     

     

     

    PIERRE RIVE extraits livre Parcs

     

    Revue Inédit nouveau n° 222  ( Paul Van Melle)

     


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    Livres - Écritures poétiques (1994 - 2004) 

     

    Ils nous ont dit

    Que dans le bataillon

    La dissension n’existait pas.

     

    Ils nous ont dit

    Que le jeu était bien organisé

    Que les brancards nous suivraient de près.

     

    Ils nous ont dit

    Qu’il fallait être sans pitié

    Que l’éthique se trouvait dans la poudre.

    Et

    Grande subtilité de la guerre

    Ils nous ont dit

    Qu’il était interdit de torturer

    Que les sages feraient l’arbitrage.

     

    Quand le fleuve de sang fut en crue

    Ils nous ont dit

    Qu’il fallait nager

    Bien respirer

    Se méfier des tourbillons.

     

    Ils nous ont dit

    Que bientôt

    Les îles de la victoire apparaîtraient

    Que bientôt

    Dans les fanfares de la gloire

    Les rats de la douleur et de l’angoisse

    Ne rongeraient plus nos nuits.

     

     La Guerre

     

     

     

    Torero

    Te voici de nouveau dans l’arène de la nuit.

    Le rouge de ton cœur attise

    Le taureau de l’esprit.

     

    Toutes ces phrases

    Que tu as murmurées

    Reviennent dans la poussière du combat

    Comme des rayons lumineux.

     

    Torero

    Ton linceul en lambeaux

    Habille les hanches de la vie.

     

    Une flamme danse

    Dans ton regard.

     

    Le taureau charge :

    Les mots se bousculent.

     

    Le taureau s’échine :

    La musique est là.

     

    Torero

    Tu as mis fin

    Aux gémissements de la bête.

     

    La guitare des sentiments résonne encore

    Entre tes doigts lunaires.

     

    C’est la fête.

     

    Tu bois le vin.

     

     Le Torero

     

     

    Il secoue sa crinière :

    Des poux de lumière tombent à terre.

     

    Ses griffent lacèrent le cuir de l’existence.

     

    Ses crocs mordent la chair du vent.

     

    La gueule en sang

    Il se lèche les babines.

     

    Ses rugissements se perdent avec l’aurore.

     

    Repu

    Il se couche dans la poussière

    Les yeux brûlés

    Par

    Les étoiles.

     

     Le Lion

     

     

     

    Nous sommes habitués aux lumières factices :

    La fée Electricité est devenue

    Notre quotidien.

     

    En effet

    Il suffit d’appuyer sur un bouton

    Pour que la magie s’opère :

    Lampes

    Ecrans

    Machines à rêver

    Machines à envier

    Machines…

     

    Nous

    - pays de la richesse et de la sublimation -

    Maintenant, nous respirons par le clavier :

    Voici la bête informatique

    La puce de cirque

    La panacée.

    Tout se programme :

    Les fantasmes

    Les loisirs

    Le business.

    Nous transigeons et strangulons

    A une vitesse vertigineuse.

     

    Cependant

    Le geste est devenu infirme :

    Nous sommes condamnés

    Avec nos lunettes mirifiques

    Enfoncées jusqu’aux orbites

    Et nos éprouvettes

    Dans les bassins des dieux.

    Le monde est un yo-yo

    Entre des mains capricieuses.

     

    Avec l'image qui prime sur le sens

    Avec la vanité qui tue les causes

    Ils nous transmettent l’information.

    Puis

    Pour nous faire oublier les nouvelles insidieuses

    Ils nous ont inventé le grand jeu populaire

    Avec ses gazelles

    Ses ballons de baudruche

    Ses réponses à suspense.

     

    Bref !

     

    Tout va bien !

     

    La fée est vraiment généreuse.

     

    Quand vient la fin d’année

    Nous buvons ses soupes à sortilège :

    Ses baves de crapauds fluorescentes

    Ses vers luisants.

    Nous regardons les serpents qui s’enroulent

    Autour des arbres divins.

    Et même

    Même si nous sommes affligés

    Même si l’overdose est là

    Il ne faut surtout pas le montrer.

     

    Nous marchons

    Nos paupières changent de couleur

    Sous les enseignes lumineuses.

    Pauvres caméléons !

    Quand ?

    Quand retrouverons-nous

    La feuille blanche de l’intégrité ?

    Nous marchons

    Sur les tapis rouges des avenues

    Avec les plumes de la suffisance

    Qui nous souhaitent JOYEUSES FETES.

     

    Alors que

    La nuit tombait

    Et que rayonnaient des milliers d’écrans.

     

    Alors que

    Sous les réverbères

    Des bandes de jeunes loups

    Mâchaient des fantasmes.

     

    Panne !

     

    Panne d’électricité !

     

    La baguette magique est tombée

    Dans la gueule immense

    De l'obscurité.

     

     

    Certaines personnes réagissent très mal

    A ce genre d'imprévu.

    Ils vont dans tous les sens

    Comme des animaux de basse-cour

    Privés de leur bectance.

    Parce que l’essentiel n’est plus

    Ils s’énervent

    Se bousculent

    S’invectivent.

    Le manque se fait pressant :

    La veine réclame.

     

    En écoutant le remue-ménage

    En riant de ces pas confus dans les couloirs

    En tâtonnant les tiroirs

    J’ai sorti une bougie.

     

    En tenant cet objet

    J’ai pensé à ces rats des villes

    Qui masquent nos visages

    A ces paradis précaires

    Qui se glissent entre l’encre et le papier.

    J’ai pensé à toutes ces besognes

    Qui nous saignent

    Et qui se tiennent la main

    Loin des murs blancs

    Loin des vignes de la nuit

    Loin des pierres du silence.

     

    J’ai allumé la mèche.

     

    D’abord froide et insignifiante

    La flamme a déchiré le noir.

     

    Puis

    Attisée par le vent de la fenêtre

    Elle s’est mise à lécher l’espace.

     

    Le rêve a dansé

    Parmi les ombres et les lumières.

     

    La bougie s’est consumée.

     

    La bougie

    Que ma main avait allumée

    Le temps d’une trêve.

     

    La bougie

     

     

    Ton cœur battait si fort

    Quand tu étais nu

    Dans les buissons du silence.

     

    Ton cœur battait si fort

    Quand ta bouche a mordu

    La clarté de son sourire.

     

    Les embruns étaient sur ton visage

    Pour te rappeler le souffle.

     

    Les guerriers de l’habitude

    Avaient les yeux inertes :

    Ils baignaient dans leur sang ;

    Un rêve assassin les avait pris pour cible.

     

    Des enfants déchiraient la toile du ciel

    Avec des rires incessants.

     

    Le vent prenait de l’ampleur

    Et l’encre aventureuse hissait sa voile.

     

    Ton cœur battait si fort

    Quand tu étais nu

    Et que ta main a soulevé

    Sa robe.

     

    Pourtant

    Elle n’était pas faite

    De

    Chair.

     

    Buissons

     

    Ensemencée d’étoiles

    Elle répand sur le sable

    Des paroles

    Des fragments

    Des sourires lointains.

     

    Tantôt langoureuse

    Semblable à une gitane

    Sur un banc de coquillages

    Ses doigts caressent

    Les cordes du vent.

     

    Tantôt échevelée

    La sueur perle son visage.

    Elle frappe sur les batteries ;

    Les embruns se perdent ou se captent

    Avec les cris des oiseaux palmipèdes.

     

    Aux lunes pleines

    Se tissent les toiles.

    Les araignées du rêve

    Sortent de leur ventre

    Des fils d’encre.

     

    Elle déserte les rivages

    Dévoilant ses jambes ruisselantes

    Son sexe de goémon.

    Le ciel écarte les nuages 

    Se rince l’œil.

     

    Ou

    Elle redouble de vigueur ;

    Lâche ses chevaux d’écume

    Qui se cabrent, se ruent

    Creusent les roches.

    Dans les ressacs

    La dompteuse exhorte les crinières.

     

    Vêtue de brume

    On entend les rames des chaloupes.

    On devine les barbes

    Les boucliers

    Les cornes sur les casques

    Les plissures des fronts.

     

    De temps en temps une lumière :

    Une épée brandit sa lame

    Et déchire le rideau opaque.

    C’est la langue du sel

    Qui crie parmi les cordages ;

    Le loup marin

    Qui arrache sa pelure.

     

    Le souffle

    Enivre les narines de la création.

    Son pollen féconde

    Le chant des voiles

    Et les îles.

     

    La pluie se perd dans l’amplitude.

    Mais

    Quand les yeux noirs iodés

    Deviennent transparents

    Autour de son cou

    La belle porte des bijoux étincelants.

     

    La poitrine épanouie

    Elle se balance de liane en liane

    Dans les forêts d’algues

    Appelant les fauves

    Et les troupeaux d’éléphants.

     

    Après le ralliement

    Le bruit de frottement

    Qui persiste

    N’est rien d’autre qu’une plume

    Qui griffe le papier.

     

    Propagée de soleil

    Son corps transmuable

    Arbore

    Des bleus, des verts, des jaunes, des rouges.

     

    Mais jamais !

     

    Jamais !

     

    Les arbres ne perdent leurs feuilles.

     

     

    LA MER

     

    PIERRE RIVE extraits livres Ecriture Vol 1 et Vol 2

     

    PIERRE RIVE extraits livres Ecriture Vol 1 et Vol 2